Clusters au Maghreb : Vers un modèle de cluster maghrébin spécifique

Cette étude, réalisée entre mars et avril 2014, tente de donner une représentation du phénomène de clusterisation de l’économie dans les trois pays du Maghreb.


Au cours des deux dernières décennies, l’intérêt pour les clusters s’est affirmé tant au Nord qu’au Sud, les entreprises, avec l’émergence de la mondialisation, s’étant trouvées confrontées à une concurrence particulièrement vive. Les clusters, par les liens qu’ils tissent en leur sein, leur recherche permanente d’innovation, leur ouverture sur l’extérieur, offrent une réponse adaptée. Les pays du Nord les ont rapidement placés au centre de leurs politiques industrielles.


Après avoir compté pour leur développement essentiellement sur une attractivité aux investissements directs étrangers (IDE) et organisé à cet effet des espaces d’accueil dédiés, les pays du Sud de la Méditerranée se sont tournés vers des politiques de promotion de l’innovation. La transformation des parcs en technopôles est concomitante de l’introduction d’initiatives publiques de soutien à l’émergence de clusters. Conjuguant l’avantage de ces espaces d’accueil et des moyens d’animation, ces nouveaux clusters sont appelés à devenir des écosystèmes innovants dans des filières d’avenir.


La dynamique enclenchée depuis quelques années par les trois pays pourrait se traduire très vite par l’apparition dans la région d’une trentaine de clusters actifs et visibles .


Au Maroc, les premières initiatives remontent au début des années 2000. Une dizaine de clusters sont aujourd’hui conventionnés par l’Etat et une vingtaine pourraient être confirmés dans un avenir proche. La déclaration du nouveau ministre de l’Industrie, M. Moulay Hafid Elalamy du 2 Avril 2014 en faveur d’un plan d’accélération industrielle qui mise sur des écosystèmes performants représente un contexte particulièrement stimulant.


En Tunisie, le processus qui a pris naissance au milieu des années 2000 connaît depuis deux ans un rapide développement. Si le nombre de clusters aujourd’hui dotés d’une gouvernance reste encore limité, la multiplication de groupements constitue un signe encourageant. M. Mehdi Jomaa, Premier Ministre, ancien ministre de l’Industrie, et le détenteur actuel du portefeuille, M. Kabel Ben Naceur comptent appuyer les efforts d’organisation de ces acteurs industriels.


Ayant tardivement pris conscience de la nécessité d’inverser le processus de désindustrialisation, l’Algérie affiche un retard par rapport à ses voisins.


Mais plusieurs éléments favorables donnent à penser qu’il pourrait être comblé. C’est pour une part le soutien du ministre de l’Industrie, M. Abdessalem Bouchouareb, d’autre part les concours de la coopération technique européenne, notamment l’agence allemande GIZ et plus récemment la coopération française qui a nommé un Haut responsable de la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, Jean-Louis Levet.


L’analyse des clusters du Maghreb le montre : les clusters ne sont pas repliés sur eux-mêmes. Ils sont ouverts sur leur environnement, sur leur voisinage pour capter les flux d’informations et les signes des marchés. A la fois nécessaire et voulue, la coopération interclusters se développe. Elle peut prendre différentes formes : institutionnelle, partage d’expériences, formation de projets collectifs et, à un niveau plus avancé, déboucher sur des coproductions.


Pour favoriser et impulser les coopérations interclusters, notamment entre le Nord et le Sud, des réseaux de clusters doivent se constituer. France Clusters joue déjà un rôle décisif dans ce travail de mise en réseau. Demain, IPEMED et ses partenaires territoriaux devraient venir amplifier ce mouvement.
La transformation qui est en train de s’opérer en Afrique du Nord, transformation qui est le fruit de choix effectués par les acteurs publics et privés en faveur de collectifs productifs ouverts que sont les clusters, est porteuse de changements profonds. Elle ouvre des perspectives sur le développement de coproductions à grande échelle.

L’auteur

Consultante internationale en développement régional et aménagement du territoire, Paulette Pommier a travaillé pendant 15 ans comme experte à la DATAR (France) pour les questions du développement local et régional (clusters, microcrédit, contrats territoriaux). Elle est également Experte internationale pour l’OIT, l’ONUDI, IPEMED et Experte en Amérique latine auprès de gouvernements (Chili, Mexico, Pérou, Colombie).

SOMMAIRE

  • Avertissement et remerciements
  • Résumé
  • Introduction
  • La notion de cluster et son application dans les pays du Maghreb
  • Pertinence du processus de clusterisation dans les environnements économiques des pays du Maghreb
  • Les clusters au Maroc : état des lieux
  • Les clusters en Algérie : état des lieux
  • Les clusters en Tunisie : état des lieux
  • La coopération inter clusters : initiatives et premiers résultats
  • Perspectives et conclusions
  • Annexe I – Les 36 clusters constitués, émergents ou attendus au Maghreb
  • Annexe II – Carte des clusters constitués, émergents ou attendus au Maghreb
  • Annexe III – Fiches des clusters maghrébins constitués
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