Arabie Saoudite – Vision 2030 (1/3) – La place des femmes dans l’économie saoudienne : une ambition loin de la réalité ?

Cette étude a été coordonnée par Jean-Louis Guigou, Président de l’IPEMED


AVANT-PROPOS

Le Royaume connaît, depuis l’accession au pouvoir le 23 janvier 2015 du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud,  et la nomination de son fils Mohammed ben Salmane – dit MbS – à la fonction de prince héritier deux années plus tard, une période de changements majeurs aussi bien économiques que sociaux. 

La stabilité économique du Royaume repose encore essentiellement sur le pétrole, et est donc soumise aux aléas et à la mutation du marché énergétique. Conscient de cette dépendance à l’or noir, le gouvernement dirigé par le prince héritier Mohammed ben Salmane souhaite mettre un terme à l’État providence saoudien des dernières décennies et mise pour ce faire sur une refonte du marché du travail par le développement du secteur privé, l’attraction d’investisseurs étrangers, la réduction du taux de chômage des Saoudiens et une reconsidération du statut des Saoudiennes. 

Ainsi ce Cahier Ipemed-La Verticale, premier d’un triptyque dédié à l’Arabie saoudite, explore la question de  l’évolution du statut des saoudiennes.

L’Arabie saoudite possède une culture spécifique dans laquelle les rôles et les attentes liés au genre sont basés sur une interprétation spécifique de la charia islamique qui implique une limitation de l’autonomie des femmes, par le système de tutelle masculine, et une ségrégation sexuelle généralisée. 

Dans le Royaume, les femmes sont traitées comme les pupilles de leurs pères, de leurs maris ou même de leurs fils, dans le cadre d’un système de tutelle masculine institutionnalisé. Chaque femme, quel que soit son âge, est ainsi tenue de fournir une autorisation du tuteur pour suivre ses études, obtenir un emploi, partir en voyage, se marier ou se rendre dans une institution gouvernementale.

Pour autant, les prémisses d’un processus d’autonomisation des Saoudiennes s’observeraient depuis les années 2000. Les jeunes Saoudiennes sont mieux éduquées, plus informées car connectées, et plus indépendantes financièrement que leurs mères. Elles sont davantage visibles dans les sphères publiques, les médias et réseaux sociaux, et si « elles n’interviennent pas dans les débats les concernant, elles opèrent, par leurs actions quotidiennes conjointes, un déplacement des normes instituées. Un jeu subtil de renégociations permanentes s’enclenche alors progressivement au sein d’une société alimentée par la superposition de tendances divergentes »*

Toutefois, malgré ces évolutions incontestables, une intégration aboutie des femmes à la société et l’économie saoudienne reste un défi. La condition des femmes est une question transverse qui mobilise des valeurs tant personnelles que collectives, cimentées par les traditions religieuses du Royaume.

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* LE RENARD, Amélie (2011). «Genre, classe, nationalité et accès des femmes aux espaces publics à Riyad», Sociétés contemporaines, vol. 84

LES AUTEURS

Louise Devaux
Jean-Luis Guigou (coordination)

SOMMAIRE

  • CHAPITRE 1. Une trajectoire sociale et économique devenue insoutenable
    • 1.1. Les saoudiennes, un potentiel mal exploité ou inconsidéré
    • 1.2. L’impact des traditions sur l’économie du Royaume
  • CHAPITRE 2. Les solutions proposées par le plan Vision 2030 en matière socio-économique
    • 2.1. La présence discrète des femmes dans le texte du programme Vision 2030
    • 2.2. Les actions concrètes pour l’autonomisation des femmes menées par le gouvernement Mb
    • 2.3. Des résultats économiques et sociaux déjà visibles ?
  • CHAPITRE 3. Propositions additionnelles pour une intégration réussie des femmes dans l’économie saoudienne
    • 3.1. Liste des propositions
    • 3.2. Les points de vigilance
  • 4. Bibliographie
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